Comme prévu, la croissance effrénée de l'industrie du vélo tout-terrain (VTT) a connu un ralentissement en 1999. Les fabricants de vélos ont été contraints de revoir leurs dépenses à la baisse et de réexaminer l'opportunité de sponsoriser des compétitions de VTT. Les équipes de vététistes les plus performantes et les mieux financées ont bénéficié du soutien de nouveaux sponsors n'appartenant pas à l'industrie du cyclisme. Pour certaines, ce financement représente des sommes considérables compte tenu de la notoriété des bailleurs de fonds comme, par exemple, Mountain Dew et Chevy Trucks. L'époque où un fabricant de vélos pouvait à lui seul financer un programme de compétitions professionnelles est bel et bien révolue. Sans ces grands cosponsors, certaines sociétés se retrouvent dans l'incapacité partielle ou totale de financer leurs équipes de coureurs professionnels. Nombre d'entre elles ne peuvent justifier les frais d'exploitation de ces équipes. Par conséquent, des équipes telles que Volvo/Cannondale ont été transférées à des groupes de gestion. D'autres, comme Schwinn/Toyota, ont dû se spécialiser dans les disciplines spécifiques du vététisme, à savoir la descente ou le cross-country. Les vététistes spécialisés dans les épreuves de descentes ont, cette année encore, éprouvé des difficultés à trouver ou à garder leurs sponsors. Tandis que les grands champions ne rencontrent aucun problème de financement, les autres vététistes doivent faire montre d'une grande ingéniosité pour survivre en tant que professionnels.

Industrie
Le marché du VVT s'est caractérisé par une volatilité incontestable compte tenu des grands changements intervenus l'année dernière dans ce secteur industriel. Alors que restructuration était le maître-mot au début de 1999, une alliance entre Specialized et Sun Microsystems a fait la une de l'actualité. Sun Microsystems est l'un des plus grands constructeurs de postes de travail UNIX, de périphériques de stockage et de serveurs pour réseaux d'entreprise. Le produit fleuron de Sun est Java, un langage de programmation permettant de créer des logiciels universels fonctionnant sur n'importe quel ordinateur. Specialized et Sun Microsystems, Inc. ont annoncé au mois d'octobre la signature d'un accord d'association de marque. « Specialized doit en grande partie son succès aux parts de marché qu'elle a pu conquérir en appliquant la technologie de Sun Microsystems », a déclaré Mike Sinyard, président et fondateur de Specialized. « Qu'il s'agisse de la conception de nos vélos classiques et tout-terrains, de la fabrication de nos casques, des opérations financières et commerciales de la société ou encore de notre position de leader du commerce électronique de l'industrie du cycle, nous pouvons effectivement dire que Sun constitue la pierre angulaire de notre société. » Dans le cadre de l'accord entre Sun et Specialized, un logo « Designed by Sun » sera apposé sur tous les emballages de casques et de vélos de type professionnel et l'équipe de vététistes de Specialized bénéficiera d'un financement.

D'autres rapprochements ont marqué l'année 1999. Schwinn a récemment cédé sa ligne de vélos Yeti à Volant, le fabricant de skis implanté au Colorado. Volant produira des cadres Yeti haut de gamme en titane. GT Bicycles a racheté en septembre la société Syncros spécialisée dans les accessoires. Le siège de Syncros a été transféré aux usines de GT à Santa Ana, en Californie, mais le nom de la société a été conservé. Syncros fournira à GT des pièces détachées très pointues, tout en continuant à fournir au public ses produits traditionnels.

Technologie
En 1999, la majorité des circuits pour vététisme de descente se sont caractérisés par des plans plus inclinés, une plus grande technicité et une configuration topographique plus dangereuse. Les VTT de descente ont évolué pour faire face à cette nouvelle donne. Ces engins sont aujourd'hui équipés d'une suspension arrière dont la course peut aller jusqu'à 20 centimètres et d'une fourche avant aussi révolutionnaire. Les grands spécialistes de la descente ont fait de l'aluminium leur matériau de prédilection en raison de ses propriétés et de son faible poids. Les VTT de descente sont en général des vélos à neuf vitesses, équipés de freins à disques hydrauliques très performants. Les changements de vitesse n'échappent pas aux progrès technologiques. Shimano, le géant de l'accessoire, vient de lancer la technologie « Shimano Airlines » qui fait appel à de l'air comprimé pour un changement de vitesse de très haute précision. Jamais Shimano n'avait mis au point un système aussi efficace. Dans un communiqué, la société affirme :
« Conçu pour les VTT de descente, ce nouveau système est relié à une bouteille montée sur le cadre. Ce récipient peut être rempli d'air à l'aide d'une pompe à vélo classique ou de gaz liquéfié sans risques pour la couche d'ozone. L'utilisateur peut changer facilement de vitesse avec une rapidité et une précision exceptionnelles. » La crevaison reste le problème le plus fréquent des VTT de descente. Bien que la tendance soit à l'utilisation de chambres à air très épaisses et de pneus pratiquement indestructibles, la situation ne s'est guère améliorée. Des sociétés comme Hutchinson, IRC et Michelin ont récemment lancé un système sans chambre à air qui, s'il requiert l'utilisation d'une jante spéciale, nécessite une pression moins élevée et, surtout, résiste mieux aux crevaisons. Aujourd'hui, un VTT ressemble étrangement à une moto de cross sans son moteur.

Les vététistes procèdent en permanence au réglage fin de leur vélo, des freins et du système de suspension pour être à la hauteur dans des conditions de course parfois extrêmes. Certains grands champions, notamment français, ont recours à du matériel de pointe, semblable à celui utilisé lors des épreuves de Formule 1 et Indy, afin d'être au guidon d'une mécanique parfaitement huilée. La vététiste de descente américaine Marla Streb utilise un système informatisé de collecte de données. Cette « boîte noire » fixée à l'avant du vélo enregistre des données provenant de capteurs installés au niveau de la suspension avant et arrière, des freins, des angles du cadre et du corps du coureur. A l'issue de la course, toutes ces informations sont téléchargées et analysées à l'aide d'un logiciel pour permettre au sportif d'adapter sa position et de régler sa machine dans le but d'accroître sa vitesse et ses performances. Toute modification apportée au vélo peut être vérifiée afin d'en déterminer l'efficacité. Les tâtonnements ne font plus partie des procédures de réglage. Grâce à cette mine d'informations, la vérification du matériel ne se compte plus en jours, mais en heures. Le sportif se retrouve au guidon d'une machine réglée comme une horloge et peut désormais se concentrer davantage sur la course lors de séances d'entraînement. Marla Streb, qui participera aux Winter X Games de 2000, affirme devoir à ce système de collecte de données une grande partie de ses bons résultats de la saison 1999.

Coureurs
Au cours de la saison d'été 1999, les grands vététistes américains spécialisés dans la descente ont participé aux cinq courses de la ligue nationale des champions NORBA. Chaque épreuve d'une durée de trois à cinq minutes se déroule sur un parcours technique parsemé de plans inclinés. La ligue s'est récemment hissée à l'échelon international en accueillant les grands vététistes australiens, européens et canadiens.

En réalité, le VVT de descente a surtout fait son chemin hors des frontières des Etats-Unis. Les grands noms de la discipline ne sont pas américains et la Coupe du monde de descente confirme cette observation. Chez les hommes, les cinq des dix meilleurs vététistes du monde sont français. Seuls deux Américains font partie de ce groupe de tête. La meilleure femme participant à la Coupe du monde vient aussi de l'Hexagone. Les Américains sont plus à l'aise dans les épreuves de dual slalom de la Coupe où l'action et le corps à corps sont de mise. Sept Américains (quatre hommes et trois femmes) sont repris au classement des dix meilleurs de la Coupe du monde pour le slalom. Le meilleur est américain (Brian Lopes) et la meilleure est australienne (Katrina Miller).

La domination des Européens s'explique en grande partie par la conception du terrain. En effet, les parcours réservés aux épreuves de descentes sont considérés comme les meilleurs au monde et constituent la norme de comparaison pour évaluer la plupart des sites équivalents aux Etats-Unis. Les circuits européens ont toujours été éprouvants. Il y a plusieurs années, les circuits de descentes aux Etats-Unis privilégiaient surtout la vitesse et les tours de braquet. Alors que les Européens sortaient nettement de la mêlée, les Américains participant à la Coupe du monde reconnaissaient ne pas être à la hauteur et se plaignaient de devoir s'entraîner chez eux sur des circuits présentant trop peu de difficultés. Ces deux dernières années, la quasi totalité des circuits d'entraînement aux Etats-Unis ont été revus pour ressembler beaucoup plus aux parcours européens, plus inclinés, plus rocailleux et plus techniques.

Shaums March sera chargé de la conception du circuit pour les Winter X Games de 2000.

Mount Snow est depuis 12 ans une des destinations des vététistes sur la côte est des Etats-Unis. Cette côte devrait favoriser cette neige tassée que les spécialistes du VTT apprécient particulièrement. Au mois de juin prochain, Mount Snow accueillera la 12e ligue nationale des champions NORBA.

La neige et le VVT
Fort du succès des Winter X Games, le VVT sur neige est devenu un véritable spectacle. Dans le Colorado, l'Alpine Snow Bike Association (ASBA) a l'intention de mettre sur pied jusqu'à 20 courses de VTT sur neige. L'association tente de promouvoir depuis plus de 5 ans des activités et des clubs liés au vététisme sur neige, et se réjouit de constater que ce sport fait de plus en plus d'adeptes à l'étranger. Elle reconnaît toutes les rencontres de VVT sur neige et travaille en étroite collaboration avec NORBA et l'USA Cycling pour promouvoir et unifier ce sport.